Amour, joie, tristesse, appréhension, enthousiasme, nervosité, peur… un tourbillon d’émotions accompagne les parents à l’annonce de l’arrivée d’un nouveau-né au sein de leur famille. Ces bouleversements émotionnels sont présents tout le long de la grossesse et après l’accouchement. Ils sont induits par les changements physiques, les modifications hormonales et les perspectives de devenir parents [1].
Les modifications au niveau de ces hormones, sont notamment impliquées dans le « baby blues », des symptômes dépressifs transitoires qui surviennent chez certaines femmes quelques jours après la naissance de leur bébé. Caractérisé par des sautes d’humeur ou une forte tristesse pouvant mener aux pleurs, le baby blues a des causes multiples et peut durer jusqu’à environ 2 semaines [2]. C’est la persistance de cette déprime passagère, qui conduit à la caractérisation de la dépression du post-partum.
Un besoin de soutien
Selon le dernier rapport de Santé Publique France de 2021, près d’une française sur six présentait des symptômes de dépression du post-partum (DPP) [3]. Ces femmes vivent dans l’anxiété permanente, le désemparement, émettent des signaux d’alertes qui ne sont pas systématiquement entendus. Nous avons analysé ces signaux au travers de 20 000 témoignages d’environ 900 femmes s’exprimant publiquement sur leur DPP sur les réseaux sociaux, de 2018 à aujourd’hui.
Un besoin de réconfort s’observe dans 38% des messages, les nouvelles mamans s’expriment beaucoup sur ce sujet. Elles partagent, aussi, sur la nécessité de se sentir bien entourées et bien conseillées. En effet, les professionnels de santé ont un rôle majeur dans la préparation à accueillir un bébé, aux étapes qu’elles vont traverser mais aussi à la prévention dépistage et prise en charge en cas de DPP.
Ce besoin de soutien, de réconfort se fait ressentir aussi avec l’énorme impact sur les conditions psychologiques qu’elles vivent en pré et post accouchement, qui est abordé dans 25% des témoignages. Des résultats qui font écho à ceux retrouvés dans l’enquête du rapport de Santé Publique Française.
Des difficultés parfois insurmontables pendant la dépression post-partum
Un peu plus d’une femme sur vingt déclarait avoir des idées suicidaires [3] en 2021, une déclaration miroir retrouvée lors de notre analyse. En effet, parmi différentes difficultés exprimées, 18% des témoignages sur les réseaux sociaux font état de la solitude, de la détresse et de l’exacerbation de la dépression qu’elles vivaient déjà avant la grossesse ou l’accouchement.
Le baby blues est également présent dans 17% des messages. Il est accompagné d’une sensation de n’avoir aucun sentiment pour son nouveau-né. La culpabilité reliée à cette absence émotionnelle pousse certaines mères à penser ne pas être de bonnes mamans et avoir des conséquences sur la vie familiale.
L’analyse de témoignages publics autour de la DPP sur les réseaux sociaux, met en avant la nécessité d’un soutien, à la fois des aidants familiaux, ainsi que des pouvoirs publics et professionnels de santé. Ces résultats, issues de l’analyse innovante de données ouvertes sur les réseaux sociaux, rejoignent ceux du dernier rapport de Santé Publique France, sur la préconisation d’un renforcement d’une évaluation des manifestations psychiatriques dès le début de la période postnatale. Un outil complémentaire à l’utilisation des réseaux sociaux pour détecter en amont une DPP et améliorer la prise en charge.
Sources
[1] https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/grossesse-sante-psychique/troubles-psychiques-grossesse#text_203635
[2] https://www.inspq.qc.ca/mieux-vivre/accouchement/premiers-jours/baby-blues
[3] https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/sante-mentale/depression-et-anxiete/documents/article/prevalence-de-la-depression-de-l-anxiete-et-des-idees-suicidaires-a-deux-mois-postpartum-donnees-de-l-enquete-nationale-perinatale-2021-en-franc
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