#EtudiantFantôme : la santé mentale des étudiants sur Twitter

#EtudiantFantôme : la santé mentale des étudiants sur Twitter
#EtudiantFantôme : la santé mentale des étudiants sur Twitter
Avec le hashtag #EtudiantFantôme, les étudiants ont lancé un appel de détresse. Kap Code a mené une étude sur la santé mentale des étudiants lors de la crise Covid-19.

Dépression, précarité, solitude, pensées suicidaires… tel est le quotidien des étudiants face aux impacts de la pandémie Covid-19 qui engendre un isolement et un sentiment de solitude. Face au manque perçu par les étudiants de réponses des autorités, une mobilisation numérique a été mise en place. À travers l’utilisation d’un hashtag simple #EtudiantFantôme mais fort pour la révélation de la détresse, notamment sur la santé mentale des étudiants.

L’ampleur de cette initiative sur le réseau social Twitter, a fait l’objet d’une analyse de la santé mentale des étudiants sur la plateforme collaborative Epilogue.

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Santé mentale des étudiants sur Twitter - Nuage de mot des hashtags co-mentionnés avec le #EtudiantFantôme

L’analyse des échanges sur Twitter

A travers un hashtag, il est désormais possible d’en savoir plus sur l’état d’esprit de la population estudiantine sur Twitter. Par des méthodes d’intelligence artificielle (IA), de traitements automatisés du langage que lui permettent son outil Detec’t, Kap Code a pu tirer du hashtag #EtudiantFantôme des informations sur les troubles mentaux chez les étudiants.

Dans un premier temps, les tweets postés entre le 16 Novembre 2020 et le 31 Janvier 2021, comportant le hashtag original ainsi que ces analogues ont été collectés[1]. Mais aussi ceux propres à la santé mentale des étudiants tel que #PronosticMentalEngagé[2]. Suite à l’obtention de 18 000 tweets d’intérêt, nous avons restreint cette analyse à des auteurs identifiés comme étudiants. Cela a été possible en se basant d’une part sur les biographies sur des comptes utilisateurs et d’autres part sur un filtrage à partir d’un champ lexical spécifique aux étudiants.

Le mouvement mis en place en Janvier 2021 autour du hashtag par des étudiants de Sciences Politique de Montpellier prend de l’ampleur dans le pays. Cela se constate avec une augmentation du nombre de message associés à #EtudiantFantôme, à partir de la mi-janvier.

Ce hashtag est essentiellement un moyen pour les étudiants de partager leur souffrance psychique mis en exergue par le partage des annonces d’étudiants s’étant donné la mort et le manque de prise en charge de la part des autorités (5% des tweets). Une méthode pour ne pas rester oubliés du gouvernement, face auquel ils manifestent majoritairement une incompréhension et un manque de visibilité sur les mesures prises (15%). De plus, on peut noter une forme de politisation du mouvement avec l’organisation et l’appel à des manifestations (5,5%) mais surtout de conseils de la part d’autres internautes pour se faire entendre (5%).

Le suivi de la santé mentale Des étudiants

Les sujets de conversations mettent en lumière l’inquiétude ou encore l’incompréhension des étudiants. Toutefois, cela n’est pas suffisant pour aborder les troubles psychiques que peuvent rencontrer les étudiants.

Une compréhension de leurs concepts de la santé mentale[3] (anxiété, stress, troubles du sommeil, …) est primordiale. Nous avons donc alimenté ces différents concepts avec un champ lexical et des expressions spécifiques les exprimant. Sur un ensemble de 286 765 tweets comprenant les tweets d’intérêts et l’historique des internautes, la colère (39,8%), la dépression (19,8%) et l’anxiété (18,9%) sont les concepts les plus exprimés sur Twitter par les étudiants. L’augmentation de ces concepts est aussi associée au pic de tweets rencontrés à la mi-janvier.

Par la suite, l’outil de dépistage des troubles anxieux GAD-7 (Generalized Anxiety Disorder) composé de 7 questions a permis d’évaluer les troubles anxieux sur l’ensemble des tweets étudiants. Cette échelle de troubles anxieux, à laquelle nous avons rajouté une 8ème question se rapportant aux questions suicidaires, détecte majoritairement le sentiment de nervosité, d’anxiété ou de tension (37,49%). Aussi, un sentiment de peur (24,83%) et une inquiétude excessive (14,69%).

Twitter, lieu d’expression et d’échange

La plateforme Twitter est un lieu où ces étudiants peuvent s’exprimer librement et spontanément dans le but de lutter contre ce sentiment de solitude. Utilisée en complément des pratiques déjà en place, une étude basée sur des données issues des réseaux sociaux permettrait :

  • Un suivi de l’évolution des déclarations des troubles anxiodépressifs chez les étudiants,
  • L’accompagnement des étudiants avec une détection précoce de pensées suicidaires.

L’ensemble des résultats de l’analyse des échanges Twitter autour de la santé mentale des étudiants est consultable sur la plateforme Epilogue.

Sources

[1] #etudiantsfantomes, #etudiantfantome, #étudiantfantome

[2] #PerilEtudiant, #periletudiant, #detresseetudiante, #SanteMentalEngagee

[3] Notre classification a repris le dictionnaire médicale MedDRa (Medical Dictionary for Regulatory Activities), qui référence les terminologies médicales internationales cliniquement validées et utilisées par les autorités réglementaires compétentes en santé. L’ensemble de la méthodologie a été médicalement validée par un médecin spécialiste de santé publique, ainsi que de l’écoute médicale des réseaux sociaux.

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