L’industrie pharmaceutique évolue : les progrès en R&D ainsi que les avancées technologiques ont transformé le monde de la santé au cours de ces 10 dernières années. Nous assistons aujourd’hui à une mise en avant de plus en plus importante du patient, avec comme conséquence l’adoption d’une stratégie dite « beyond the pill » par les acteurs de l’industrie pharmaceutique.
Pourquoi le patient s’implique-t-il de plus en plus dans sa santé ?
Une accessibilité aux connaissances accrue : l’avènement du patient expert
L’accès à la connaissance a explosé avec l’arrivée d’internet. Aujourd’hui, l’information est à portée de clic partout dans le monde. Les sources de données se sont multipliées, et continuent de s’enrichir avec le partage des points de vue et des expériences personnelles de chacun.
La santé ne déroge pas à la règle, nous avons assisté à une expansion de la vulgarisation des informations, mais aussi à une création de communautés de patients (notamment via les forums de discussion). En effet, plus d’un français sur 3 a déjà utilisé internet pour s’informer sur sa santé[1].
Avec l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques, de nombreux patients doivent apprendre à vivre avec leur pathologie. Il est alors naturel de vouloir se renseigner sur les traitements, comprendre les mécanismes de la maladie, voir même suivre les avancées scientifiques.
Toutefois, cette tendance est à nuancer tant les informations présentes sur internet peuvent faire l’objet de débats quant à leur véracité ou validité médicale. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui pousse à l’avènement du patient dit Expert avec notamment des formations diplômantes qui voient le jour. On voit progressivement augmenter le nombre de patients au sein des institutions telles que l’ANSM, l’HAS, ou encore le ministère des solidarités de la santé.
Pour les industries de santé, la conséquence est majeure. Le médecin n’est plus le seul acteur de la maladie : le patient a aussi son mot à dire. Il devient un enjeu majeur de prouver le bien fondé des produits de santé à la fois aux professionnels de santé, par le biais des essais cliniques, mais aussi aux patients, au travers l’éducation thérapeutique et la communication.
Une diminution de confiance envers l’industrie pharmaceutique
L’adaptation de l’industrie pharmaceutique est d’autant plus importante que sa perception par les patients peut être négative. En effet, d’après un rapport d’IPSOS, la confiance dans les entreprises du médicament est passé de 61% en 2015 à 49% en 2018[2].
Cette perte de confiance découle de plusieurs facteurs dont la prolifération des Fake news sur internet qui sont aujourd’hui difficiles à contrôler. C’est aussi les différentes crises sanitaires, parmi lesquels le Mediator et plus récemment le Levothyrox, qui ont entrainé une médiatisation des entreprises pharmaceutiques. A contrario, les progrès en matière de santé tels que l’allongement de la durée et de la qualité de vie ou encore les nouveaux traitements, sont moins médiatisés auprès du grand public. S’intéresser au patient, non plus dans le cadre de sa maladie, mais dans le cadre de sa vie sociale, professionnelle et familiale devient alors un moyen pour les industries pharmaceutiques de se différencier des concurrents et de regagner l’adhésion de la part du grand public, comme des professionnels de santé.
La mise en place de la stratégie beyond the pill
Qu’est-ce que la stratégie beyond the pill ?
Face à la prise de pouvoir du patient sur sa santé, l’industrie pharmaceutique adopte la stratégie dite « beyond the pill » ou encore « au-delà des traitements ». Cette stratégie consiste à centrer l’offre sur les besoins des patients et à faire du médicament un moyen dans la prise en charge plutôt qu’une finalité.
D’abord en termes de marketing et de communication, mais surtout en termes d’organisation, de développement, et de partenariats avec les différents acteurs de la santé. Le but est aujourd’hui de créer une offre ne prenant plus en compte uniquement les symptômes, mais la pathologie dans son ensemble, avec des produits mais aussi des services répondant aux problématiques de parcours de soin et de qualité de vie des patients.
Quelques applications concrètes de l’approche patient centric
À Kap Code, l’approche patient centric est intégrée dans nos valeurs et l’ensemble de nos offres sont développées avec la finalité d’améliorer la vie des patients.
Par exemple dans nos offres nous essayons :
- D’améliorer la compréhension des problématiques patients : notre outil Detec’t, spécialisé dans l’analyse des réseaux sociaux et des forums médicaux, a pour but de transmettre et d’analyser les données de vie réelle émises par les internautes au sujet d’un médicament ou d’une pathologie. En améliorant leur vision, les agences de santé, les laboratoires pharmaceutiques et les associations patients peuvent optimiser leurs projets selon les besoins des patients.
- De faciliter la vie des médecins : en libérant du temps et en facilitant leur travail, les médecins peuvent d’un part optimiser leur prise en charge, mais également passer plus de temps à écouter et accompagner le patient. Dans ce cadre, nous avons récemment participé au développement d’un agent conversationnel avec Sanofi et Orange Healthcare dans le but d’aider à la prescription de médicaments complexes.
- D’améliorer le suivi dans les maladies chroniques : à l’aide de notre solution Connect’inh, boitier connecté relié à une application pour aider les patients asthmatiques à mieux suivre leur pathologie. Cette solution s’inscrit dans une logique d’empowerment du patient : en lui donnant accès à plus de données sur sa maladie, il peut ainsi mieux la gérer.
- D’augmenter la connaissance des patients : à l’aide de notre produit W’asm, une plateforme d’accompagnement thérapeutique à destination des patients asthmatiques.
En tant que start-up, notre rôle est de participer à la transition des industries souhaitant aller vers une stratégie « beyond the pill ». Nous faisons partie d’un écosystème complexe gravitant autour des besoins du patient afin de lui offrir un service complet, personnalisé et adapté à sa maladie.
Sources
[1] Sondage d’Odoxa pour le compte du Healthcare Data Institute en 2018 : « Parler de sa santé en ligne : une pratique loin d’être marginale et qui peut aider la recherche ». http://www.odoxa.fr/sondage/parler-de-sante-ligne-pratique-loin-detre-marginale-aider-recherche/
[2] L’observatoire sociétal du médicament 2018 Enquête réalisée auprès de 1 000 individus représentatifs de la population française âgés de 18 ans et plus et 250 patients chroniques âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon grand public a été assurée par la méthode des quotas sur les données INSEE concernant les variables de sexe, âge, région, profession de l’individu et catégorie d’agglomération. L’enquête a été réalisée entre le 28 août et le 5 septembre 2018. https://www.leem.org/sites/default/files/2018-11/infographie_1.pdf