Chatbot en santé : la perception des médecins

Chatbot en santé : la perception des médecins
Chatbot en santé : la perception des médecins
Des médecins donnent leurs perceptions sur l'utilisation d'un chatbot en santé dans une période où le digital fait sa place dans leur pratique quotidienne.

Le rôle d’internet en tant que ressource pour les médecins s’est intensifié au cours des dernières années grâce à des rapports sur les modes d’utilisation et les mesures de l’impact sur la pratique médicale[1]. En effet, de nombreux médecins ont accès à internet et estiment que cela participe aux soins des patients[2]. De plus, 87%[3] d’entre eux ont recours à au moins un outil digital dans leur pratique depuis le début de la crise sanitaire, l’utilisation la plus fréquente en santé est celle de la recherche d’informations médicales (pathologies, publications, médicaments…). Toutefois, les praticiens se heurtent souvent à un flux important d’informations qui les empêchent de trouver la réponse adéquate à leur interrogation.

Chatbot : le digital en santé

Selon une étude[4] du Journal of Continuing Education in the Health Professions, les médecins souhaiteraient une authenticité des sources, une pertinence des informations, un libre accès, une vitesse et une certaine facilité dans leur recherche d’informations médicales.  Dans la continuité de cette analyse, notre étude en collaboration avec Sanofi présente le chatbot comme l’outil adéquat pour répondre à leurs attentes.

Un chatbot est un robot logiciel qui peut reproduire le langage naturel et dialoguer avec un individu par le biais de conversations automatisées. Les chatbots permettent de recevoir une réponse unique ou d’obtenir un service[5]. La conversion automatisée est alimentée, dans notre cas, par des données qui proviennent de documents réglementaires officiels émis par les autorités sanitaires françaises et font référence pour la version pilote, à un seul médicament (prescription, interaction, effets secondaires …). Pour la réalisation de cette étude, la version pilote a été présentée aux participants volontaires qui ont donné leurs perceptions vis-à-vis de ce nouvel outil à travers 3 points :

  • La connaissance du chatbot sur le médicament et l’utilisation du digital dans l’exercice de leur métier,
  • La pertinence du chatbot dans l’acquisition d’information,
  • Les éventuelles modifications à appliquer.

Que pensent les médecins d’un chatbot en santé ?

Le but de ce chatbot était de fournir pendant 24h des informations relatives à un médicament à des médecins volontaires. Les 10 participants  composés aussi bien d’hommes que de femmes travaillent dans le milieu urbain ou rural. Ils ont été briefés lors d’une interview sur l’utilisation de la version pilote du chatbot, avant de s’y connecter et d’interagir avec cet outil.

Les 10 médecins participant à l’étude déclarent qu’ils se lancent dans une recherche d’informations médicales essentiellement lorsqu’ils sont confrontés aux problèmes de santé ou à une interrogation du patient. Leur recherche doit donc être pertinente, précise et rapide.

La sobriété ainsi que la simplicité d’utilisation du chatbot ont été appréciées par 5 des utilisateurs. Aussi, plus de la moitié des participants sont d’avis que  cet outil fournit une réponse, avec un délai de réponse rapide et convenable. Cela ne leur demanderait pas alors des vérifications supplémentaires et serait donc un gain de temps considérable pour certains.

Selon une participante, il pourrait être utilisé comme un outil de recherche important dans l’assistance médicale permettant ainsi de donner une éventuelle direction à suivre lors d’un traitement.

Bien que tous les participants sont d’avis que les informations données par le chatbot sont clairs elles doivent tout de même être prises avec une certaine précaution. Cet outil manquerait d’une compréhension du langage naturel, qui serait un frein dans l’acquisition des informations notamment avec la recherche d’une bonne formulation pour que ce dernier puisse y répondre correctement. Des réponses qui seraient trop longues et parfois trop génériques, certes juste, ne répondraient pas nécessairement à la question de l’utilisateur, est aussi à souligner selon la moitié des participants.

Il y a aussi une certaine crainte, vis-à-vis de cet outil, par les participants d’être remplacés par une machine qui contrairement à l’humain peut être contrôlé aisément dans un but malveillant et avoir de graves répercussions.

Une amélioration de l’accès aux informations médicales

Cette étude a confirmé les attentes des professionnels de santé d’un chatbot dans la santé. Un tel outil leur permettrait de retrouver des informations précises, facilement, rapidement et pourrait s’intégrer dans leur routine avec leurs patients. Toutefois, la version pilote demanderaient des améliorations essentiellement dans la compréhension du langage naturel qui rendrait plus fluide le dialogue avec l’utilisateur.

Pour approfondir votre lecture, vous pouvez consulter la publication scientifique en intégralité.

Sources

[1] D’Alfonso S, Santesteban-Echarri O, Rice S, Wadley G, Lederman R, Miles C, et al. Artificial Intelligence-Assisted Online Social Therapy for Youth Mental Health. Front Psychol 2017;8:796 [FREE Full text] [doi: 10.3389/fpsyg.2017.00796] [Medline: 28626431]

[2] Casebeer L, Bennett N, Kristofco R, Carillo A, Centor R. Physician Internet medical information seeking and on-line continuing education use patterns. J Contin Educ Health Prof 2002;22(1):33-42. [doi: 10.1002/chp.1340220105] [Medline: 12004639]

[3] Baromètre « Crise sanitaire : Accélératrice du soignant 3.0 ? »

[4] Bennett NL, Casebeer LL, Kristofco RE, Strasser SM. Physicians’ Internet information-seeking behaviors. J Contin Educ Health Prof 2004;24(1):31-38. [doi: 10.1002/chp.1340240106] [Medline: 15069910]

[5] Livre blanc « Les chatbots en santé »

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